Inondations 2024 au Niger : L’UNICEF et la Suède manifestent ensemble leur solidarité au Gouvernement
En 2024, le Niger a enregistré des fortes précipitations qui ont occasionné des inondations dont résultent des pertes en vies humaines, d’importants dégâts matériels, des urgences sanitaires ; une situation humanitaire alarmante. La région de Zinder a été particulièrement éprouvée par ces catastrophes naturelles, avec plusieurs villages inondés et des milliers de sinistrés. A Zinder, comme dans plusieurs autres régions du pays, les inondations ont été suivies par une flambée de plusieurs cas de maladies dont le choléra. Pour faire face à cette situation préoccupante, les autorités nigériennes ont bénéficié de l’appui du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) et ses partenaires dont l’Agence Suédoise de coopération internationale pour le développement (SIDA).
Dans le District sanitaire de Magaria, les efforts conjoints de l’UNICEF et l’Agence Suédoise de coopération internationale pour le développement, ont contribué en aout 2024, à apporter promptement des réponses aux urgences sanitaires entrainées par les inondations, à travers les neuf (9) CSI repartis dans les communes rurales de Dan Tchaou, Washa et Yekoua. Selon le Médecin-Chef du District Sanitaire de Magaria, Dr Atti Salifou, dans ces trois (3) communes rurales, les réponses se basaient essentiellement sur des activités communautaires menées par le réseau de relais appuyé par l’UNICEF, notamment le dépistage actif de la malnutrition, la sensibilisation des mères sur l’allaitement maternel exclusif, l’hygiène de l’eau, l’hygiène de main, ainsi que les activités de communication.

Mutualiser les efforts pour répondre aux urgences et sauver des vies
M. Abdourahamane Adamou, Médecin responsable du CSI de Dan Tchaou, District sanitaire de Magaria, a renseigné qu’au niveau de son air de santé, la surveillance des maladies à potentiel épidémique effectuée dans le cadre des réponses aux inondations, a permis de prendre en charge jusqu’à 81 cas de choléra avec aucun décès. Il a souligné que dès aux premières heures de cette urgence sanitaire, les promptes interventions des partenaires de proximité dont l’UNICEF, ont permis d’installer un camp pour les malades du choléra, d’engager des relais communautaires et de commencer la sensibilisation et le suivi nutritionnel des enfants. « Globalement la situation a été sous contrôle », s’est réjoui le Médecin responsable du CSI de Dan Tchaou.
M. Abdourahamane Adamou a relevé qu’à travers les relais formés grâce à l’appui des partenaires, le dépistage actif de la malnutrition a touché environ 7 612 enfants parmi lesquels 218 étaient malnutris. Ces derniers ont tous été référés au CSI de Dan Tchaou pour la prise en charge. De même, environ 5.700 mères et gardiennes d’enfants ont été formés sur l’Alimentation du Nourrisson et du Jeune Enfant (ANJE). « Ces activités, de façon conjuguée, nous ont permis véritablement de contenir les maladies à cette époque et ça nous a permis également de renforcer le suivi nutritionnel des enfants. Ce qui a permis de stabiliser la situation malgré les différentes urgences du moment en lien avec la situation sanitaire au niveau de l’air de santé », a affirmé le responsable du CSI de Dan Tchaou. « Le recours à ces relais nous a permis de répondre efficacement à cette situation d’urgence sanitaire », a-t-il conclu.

Les relais ICCM au cœur des réponses d’urgence
A Kwadégué Saboua, un village situé à quelques centaines de mètres de la frontière avec le Nigéria, dans la commune rurale de Dan Tchaou, le relais ICCM Laouali Habibou s’occupe quotidiennement des formes simples de paludisme, de diarrhée et de pneumonie chez les enfants de 2 à 59 mois, et réfère au CSI tout cas qu’il n’est pas habilité à prendre en charge. Dans ce village frontalier avec le pays le plus peuplé de la sous-région, il ne passe pas un seul jour sans que le relais ICCM ne reçoive d’enfant en consultation. « Le rapport du mois dernier (ndlr : mois de mars 2025) que j’ai transmis, fait état de 78 enfants qui sont tous du Niger, les enfants du Nigéria voisin considéré comme hors zone et qui ne sont pas mentionnés dans le rapport sont au nombre de 16. Au moment du pic du paludisme, si je reçois 230 enfants, les 45 d’entre eux seraient du Nigéria. Au cours de la saison pluvieuse, en moyenne, je reçois en consultation plus de 150 enfants par mois », a affirmé Laouali Habibou.
Kwadégué Saboua compte trois (3) relais ICCM. Outre la prise en charge des formes simples des trois (3) maladies très courantes chez les enfants, Laouali Habibou et ses collègues mènent également des activités de sensibilisation sur la santé, l’hygiène et l’assainissement et relayent des messages liés aux épidémies et à d’autres urgences sanitaires. Lorsque l’épidémie de choléra est apparue Kwadégué Saboua, les relais ICCM de la localité ont été au cœur des activités destinées à contrer l’épidémie. « Les agents de santé nous ont instruits d’exhorter la population à garder les maisons propres, à se débarrasser des ordures, à maintenir l’hygiène corporelle et vestimentaire, à laver les mains avant et après chaque repas, à s’occuper de la propreté des enfants et à leur laver aussi les mains avant et après chaque repas, à ne consommer que de l’eau et des aliments propres, et à éviter la défécation à l’air libre, entre autres consignes », a indiqué Laouali Habibou. « A l’apparition du premier cas de choléra, avec les agents de santé, nous avons passé porte à porte pour désinfecter les maisons dans tout le village. En plus ils ont mis à notre disposition des produits pour désinfecter l’eau au profit des ménages », a-t-il poursuivi.

Par ailleurs, « à cette période, nous avons également procédé au dépistage de la malnutrition et nous prodiguions aux parents des conseils sur l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant », a ajouté relais ICCM. En effet, Selon Dr Atti Salifou, dans le département de Magaria qui abrite environ un million d’habitants avec 55% de couverture sanitaire, 45% de la population est au-delà de 5 km de formation sanitaire. « Ce qui fait que souvent, même quand les enfants tombent malades et quand la malnutrition s’annonce, les mamans ont des difficultés pour les amener aux centres de santé. Mais avec la communication, la sensibilisation de ce réseau de relais toujours appuyé par l’UNICEF, nous avons pu contrecarrer les effets néfastes de la malnutrition dans cette période cruciale », a souligné le Médecin-Chef du District Sanitaire de Magaria.
S’approprier les bonnes pratiques d’hygiène et d’assainissement pour rester en bonne santé
Balkissa Laouali, mère de trois (3) enfants, garde encore les souvenirs des symptômes affreux du choléra qu’elle a observés chez quelques personnes atteintes. Elle décrit tristement les vomissements et la diarrhée qui ont failli emporter l’enfant de sa voisine. De par la frayeur qui s’exhale de sa voix, l’on peut facilement percevoir à quel point la jeune mère était angoissée par cette pathologie lugubre qui lui tournait autour. Pour Balkissa Laouali, dans ces moments d’incertitude, l’intervention de l’Etat et ses partenaires à travers les relais ICCM est tout simplement salutaire. « A l’apparition de l’épidémie de choléra dans notre localité, les relais nous sensibilisaient constamment sur le lavage des mains, la propreté de l’eau et des aliments, la salubrité et tout se qui porte sur l’hygiène et l’assainissement. Ils nous disaient de garder toujours les aliments fermés, d’assainir l’eau avec des produits qu’ils nous distribuaient, entre autres », a rapporté la jeune mère. « Je suivais strictement les instructions des relais et cela m’avait permis d’éviter le choléra et de mettre mes enfants aussi à l’abri de cette épidémie et bien d’autres maladies. Jusqu’à présent nous continuons à appliquer les mesures d’hygiène et d’assainissement que les relais ICCM nous ont appris, même après cette maladie affreuse », a-t-elle laissé entendre.

Pour sa part, le Chef de village de Kwadégué Saboua, Sani Sarki Djibadjé, a confié que le premier cas de choléra enregistré en 2024 dans la localité, est apparu au sein de sa propre famille. Il s’agissait de la femme du Chef de village et elle a immédiatement été évacuée au CSI de Dan Tchaou. « Après l’avoir examinée, les agents de santé ont confirmé que ma femme était atteinte du choléra. Alors ils se sont déployés ici dans notre village pour dresser rapidement un camp, afin de prendre en charge les cas de choléra aussi bien de notre village que ceux des environs », a indiqué le Chef de village. Selon Sani Sarki Djibadjé, pendant cette période sombre pour Kwadégué Saboua, les relais ICCM passaient de maison en maison pour détecter et faire évacuer les cas suspects. « Les agents de santé ont fermé nos puits à ciel ouvert et nous ont conseillé de ne prendre que l’eau potable du mini AEP à la disposition du village. Ce n’est qu’après avoir désinfecté nos autres points d’eau qu’ils nous ont autorisés à les utiliser », a-t-il indiqué.

« Les agents de santé avaient fébrilement travaillé dans les camps, en compagnie des relais communautaires, et en moins de vingt (20) jours, ils étaient venus à bout de l’épidémie », a témoigné le Chef de village de Kwadégué Saboua. Pour Sani Sarki Djibadjé, le passage de l’épidémie de choléra a permis, dans une certaine mesure, d’améliorer l’hygiène et l’assainissement dans le village de Kwadégué Saboua. En effet, après la douloureuse expérience, les habitants continuent à appliquer les consignes d’hygiène et d’assainissement pour éviter d’autres moments de détresse collective. « Nous connaissons désormais les risques liés au manque d’hygiène et à l’insalubrité, pour les éviter, nous continuons à respecter les consignes que les agents de santé et les relais ICCM nous ont indiqué lors de l’épidémie. Nous avons trop souffert, désormais il est hors de question de revenir aux anciennes habitudes et de s’exposer au choléra ou à d’autres effroyables maladies », a conclu le Chef du village.

Boubacar Hamani LONTO
Envoyé Spécial
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