Partenariat Niger-UNICEF : Des interventions WASH qui soulagent les populations dans la région de Maradi
Le Niger est confronté à de nombreux défis liés à l’eau, l’assainissement et l’hygiène (WASH), en raison de plusieurs facteurs conjugués, notamment les changements climatiques, la désertification, la faiblesse des infrastructures et les crises humanitaires comme les déplacements de populations. Dans ce pays, une faible partie de la population a accès à l’eau potable, et la défécation à l’air libre est une pratique courante en milieu rural. Le manque d’eau potable et d’assainissement favorise l’apparition et la propagation des maladies comme le choléra, la diarrhée, la typhoïde, et provoque également chez les enfants, une augmentation de la malnutrition, le retard de croissance et le décès. Pour faire face à cette situation entravant l’atteinte des Objectifs de Développement Durable, l’Etat a élaboré des politiques sectorielles visant à améliorer l’accès à l’eau potable et à mettre fin à la défécation à l’air libre.
Le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) et ses partenaires appuient le gouvernement dans la mise en œuvre des politiques sectorielles, notamment par la mise en place de dispositifs d’adduction d’eau potable, d’infrastructures d’assainissement, ainsi que la promotion de bonnes pratiques d’hygiène. Dans la région de Maradi, le département de Madarounfa a bénéficié de plusieurs réalisations dans le cadre de cet appui.
Mini AEP multi-villages de Dan Taro, une solution durable au problème d’eau qui sévissait dans la zone
Sur financement du Fonds Danois, une Mini Adduction d’Eau Potable (AEP) multi-villages a été réalisée à Dan Taro, commune rurale de Gabi, pour répondre aux besoins des ménages en eau potable et aux urgences liées aux mouvements de populations.

Selon le Responsable de la Division infrastructure hydraulique à la Direction régionale de l’Hydraulique et Assainissement de Maradi, Ibrahim Mamane, la Mini AEP de Dan Taro dont le champ de captage se trouve à la localité de Daourawa, dessert sept (7) villages totalisant 10.500 personnes, soit environ 1.500 ménages, y compris les réfugiés et les déplacées internes composées d’habitants des hameaux qui se sont agglutinés aux gros centres à cause de l’insécurité. Elle a été réceptionnée en 2024. En termes de stockage, la Mini AEP multi-villages de Dan Taro a un réservoir d’une capacité utile de 100 m3 surélevé de 12 mètres en vue d’alimenter les villages dans des meilleures conditions de pression.
« Le Réservoir de la Mini AEP est conçu pour répondre aux besoins en eau des populations sur une période de 15 ans, en termes de stockage. Les dispositifs du champ solaire et des pompes installées permettront de couvrir les besoins des populations à l’horizon 2034. Quant au forage, il peut fonctionner pendant 30 à 40 ans, dans des conditions normales », a renseigné Ibrahim Mamane.

Il a également indiqué que cette Mini AEP dispose d’un total linéaire de conduite posée de 15.826 mètres dont 2.455 de refoulement, c’est-à-dire la conduite posée du forage au réservoir. Aussi, 24 bornes fontaines sont mises en place dans ces différentes localités avec le branchement de sept (7) écoles et un (1) centre de santé. « Auparavant, tous les gros villages avaient des problèmes d’eau parce que les débits des forages et des puits sont très faibles pour couvrir les besoins des habitants. Maintenant, dans les conditions normales, avec ces différentes installations, le problème d’eau ne doit pas se poser dans ces villages, jusqu’à l’horizon 2035 », a rassuré Ibrahim Mamane.

De son côté, le Chef de village de Dan Taro, Elhadj Saadou Moussa, a souligné qu’avant la mise en place de cette Mini AEP, l’eau disponible dans le village n’était pas potable. En effet, « nous avions des puits, mais les enfants y jetaient des ordures et on montait avec les chaussures aux pieds sur les margelles, et les chaussures sont sources d’insalubrité. Il y avait une fréquence d’épidémie du choléra dans le village », a-t-il expliqué. « Depuis la mise en place du Mini AEP, nous avons plus besoin des produits pour désinfecter l’eau, les ménages s’approvisionnent désormais en eau au niveau des bornes fontaines pour boire et se laver. Aussi, cette mini AEP nous a débarrassés des maladies récurrentes », s’est-il réjoui.

Pour Tchima Issoufou, une habitante de Dan Taro qui trimait pour approvisionner son foyer en eau, avoir une borne fontaine à quelques mètres de son domicile est d’un soulagement inestimable. « Avant, nous puisions de l’eau au puits, c’était profond et l’eau n’était pas assez propre. Cette eau salle que nous consommions nous provoquait souvent des problèmes de santé », a-t-elle affirmé. « Avec la mise en place de ces bornes fontaines, non seulement nous consommons de l’eau propre mais aussi, nous n’avons plus à nous épuiser en puisant de l’eau au puits. Depuis que ce village est doté de bornes fontaines, je n’ai jamais touché à une corde de puisette », a annoncé Tchima Issoufou, l’air satisfaite.

Quant à Hadjara Adamou, déplacée interne à Dan Taro, elle a renseigné que dans sa localité d’origine, l’on puisait de l’eau au puits de ses mains et souvent à l’aide des ânes, pour boire, pour ses besoins ménagers, et pour abreuver ses animaux. « Ici à Dan Taro, l’eau s’obtient assez facilement, grâce à la mise en place des bornes fontaines ; même de chez toi, si tu envoi un enfant, il va te ramener de l’eau », a-t-elle témoigné.

Promouvoir des latrines améliorées pour la dignité et le bien-être des communautés
Pour mettre fin à la défécation a l’air libre, le gouvernement et ses partenaires ont défini plusieurs Approches dont l’Assainissement Total Piloté par la Communauté (ATPC) qui consiste à inciter les populations à analyser les risques liés à cette pratique et à trouver leurs propres solutions. En appui à cette Approche dans la région de Maradi, l’UNICEF, en partenariat avec le Fonds DGIS des Pays-Bas accompagne les communes de Safo, Sarkin Yamma, Djiratawa, Gabi et Madarounfa dans la mise en œuvre du Marketing de l’Assainissement, une stratégie axée sur le changement de comportements et l’incitation des populations pauvres à l’utilisation et l’entretien des latrines hygiéniques, ainsi que le renforcement des offres locales de services et de produits d’assainissement. Le Marketing assainissement inclus la subvention des matériaux utilisés dans la construction des latrines.

A Alapta, commune rurale de Jiratawa, département de Madarounfa, dans l’aire de marketing de l’opérateur de Bamo, Hassane Issoufou, l’agent de vente, Ousseini, a confié que dans leurs activités il y a la vente de certains produits, notamment des dalles, des sato (tuyau d’évacuation), des couches hygiéniques, des seaux et des bouilloires.
A travers cette stratégie, l’agent de vente sensibilise les ménages sur les avantages des matériaux, pour les convaincre à les acheter. « Si un client est prêt à acheter une dalle, par exemple, l’agent de vente l’enregistre chez l’opérateur qui à son tour lui remet le matériel nécessaire pour aller construire la dalle chez le client, avec l’accompagnement d’un maçon également désigné par l’opérateur », a expliqué Ousseini.

Selon l’agent de vente, dans le département de Madarounfa, le Marketing assainissement s’effectue dans cinq (5) communes dont celle de Jiratawa où une cinquantaine de villages sont concernés. Lesdits villages sont ravitaillés à travers les agents de vente des opérateurs de Bamo, Sakata et Galadanki. « Nous avons lancé une promotion à partir du 26 mai, et nous avons vendu plus de 200 produits avec une subvention d’environ 50% sur les prix des produits de construction de latrine », a renseigné Ousseini.
Pour sa part, Chaibou Abdou, chef de ménage de Alapta, a souligné qu’il a construit une latrine pour éviter aux membres de sa famille d’aller déféquer à l’air libre et de préserver ainsi leur dignité. « Avant la construction de cette latrine, mes enfants souffraient fréquemment de plusieurs maladies, notamment la diarrhée et les vomissements. Aujourd’hui, ce sont des pathologies qui ne surviennent presque plus chez moi », a-t-il indiqué. Chaibou est également très regardant sur la propreté de toutes les composantes de sa latrine, il y met également des produits contre la mauvaise odeur qui parfois s’y exhale.

« Grace à cette latrine, nos enfants et nous ne sortons plus pour aller faire nos besoins naturels à l’air libre. Même pour déverser la matière fécale des petits enfants qui utilisent les pots, on n’a plus besoins d’aller en brousse », a, de son côté, affirmé Sabiya Garba de Alapta, responsable d’un ménage d’une dizaine de membres. « Pour des mesures d’hygiène, nous avons aussi du savon destiné au lavage des mains au sortir de la latrine », a-t-elle ajouté.

Notons que l’accès à l’eau potable et à l’assainissement est un droit humain fondamental. Les interventions WASH permettent de garantir l’accès à l’eau potable, à des installations sanitaires adéquates et à des pratiques d’hygiène qui protègent les populations. Elles permettent de préserver la santé, de réduire les maladies, d’améliorer le développement des enfants, de protéger l’environnement, de renforcer la sécurité des femmes et des filles, et de soutenir le développement économique et social des communautés, entre autres.
Boubacar Hamani LONTO
Laisser un commentaire