Santé : L’UNICEF et le BMZ se joignent au Gouvernement pour réduire la prévalence de la malnutrition dans la région de Zinder
La malnutrition est un problème de santé publique au Niger où le retard de croissance touche plus de 47% des enfants et 15% des enfants souffrent de malnutrition aiguë, selon les données de 2018. Elle a des conséquences néfastes non seulement sur la survie et le développement cognitif de l’enfant, mais aussi sur le développement économique du pays. Le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), avec l’appui du Ministère Fédéral Allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) accompagne le Gouvernement nigérien dans la lutte contre la malnutrition, notamment à travers des initiatives préventives qui se traduisent par des modèles efficaces de prestation de services dans les centres de santé et aux niveaux communautaires.
Ainsi, dans le cadre du Programme « Renforcement de la résilience au Sahel (SaRES) » financé par BMZ et mis en œuvre dans plusieurs pays sahéliens dont le Niger en collaboration avec l’UNICEF et d’autres partenaires, la région de Zinder a enregistré des résultats probants en matière de lutte contre la malnutrition. Avec l’implication de l’UNICEF constamment engagé aux côtés du gouvernement, ce projet qui vise, entre autres, à renforcer les capacités d’entraide sociale, économique ainsi que la résilience des femmes et des jeunes en milieu rural, a permis d’améliorer sensiblement les indicateurs dans la région de Zinder qui enregistre un des taux les plus élevés de malnutrition dans le pays. Parmi les initiatives ayant bénéficié de l’appui de l’UNICEF dans le cadre de la prévention de la malnutrition, il y a les groupes de soutien ANJE (Alimentation du Nourrisson et du Jeune Enfant). Il s’agit d’une approche suffisamment efficace qui contribue remarquablement à la réduction de la prévalence de la malnutrition dans la région de Zinder. Les groupes de soutien ANJE constituent des cadres communautaires qui servent non seulement à promouvoir une bonne alimentation du nourrisson et du jeune enfant, mais aussi à prévenir les différentes formes de malnutrition.
Groupe de soutien ANJE, un cadre idéal d’engagement communautaire contre la malnutrition
A Koleram, dans le département de Mirriah, région de Zinder, dans une concession inhabitée, les membres d’un groupe de soutien ANJE se sont retrouvés à l’ombre opaque d’un neem, pour leur séance d’animation mensuelle. Accompagnées pour la plupart de leurs enfants, elles étaient quelques dizaines de femmes très attentives assises sur des nattes en plastique, en demi-cercle autour de la femme relais communautaire qui animait la rencontre. Celle-ci utilisait des supports visuels pour illustrer les bonnes pratiques ANJE dont l’allaitement maternel exclusif, avec une approche participative qui a rendu les interactions au sein du groupe plus vives et fructueuses. Les échanges ont également porté sur l’usage du bol d’alimentation complémentaire et le périmètre brachial. Aussi, le groupe de soutien ANJE avait procédé à une démonstration pratique de l’utilisation de la farine fortifiée.

En amont de chaque séance d’animation, la maman modèle de ce groupe de soutien ANJE de Koleram, Mariama Laouali, une grand-mère, joue un rôle essentiel de mobilisation pour réunir la quasi-totalité des membres. « Je fais porte à porte pour mobiliser les mères à être ponctuelles aux séances, je ne peux pas laisser une mère manquer ces échanges importants pour le bien-être de son enfant, sans motif valable », a affirmé la maman modèle du groupe. Avec plus de 15 ans d’expérience en matière de santé communautaire aux côtés des agents de santé, Mariama Laouali constitue une référence pour les mères et les familles du village de Koleram et environs. Les membres du groupe de soutien ANJE l’appellent ‘’Baaba’’(maman en langue Haoussa). Son amour pour les enfants, son engagement constant en faveur de sa communauté, ainsi que son tempérament affable, sont pour beaucoup dans le dynamisme qui caractérise leur groupe. ‘’Baaba’’ a l’art de maintenir l’enthousiasme et la convivialité en toile de fond pour les séances d’animation.

Aussi, Mariama Laouali ne se lasse jamais d’œuvrer auprès des mères, des pères et les autorités coutumières pour le bien-être des femmes enceintes, des nourrissons et des jeunes enfants. « A n’importe quel moment, j’incite les femmes enceintes et les mères d’enfants à être régulières aux centres de santé pour les différentes consultations et traitements. Souvent, il y a des femmes qui me disent qu’elles n’ont pas encore l’autorisation ou le consentement de leurs maris, dans ces genres de cas, soit je conduis directement la femme au CSI, soit je pars directement voir son mari pour le remettre à sa place ; dans la tradition, mon âge me permet d’agir ainsi dans notre communauté. Certains hommes s’excusent même de leurs comportements après mes interventions », a expliqué Mariama Laouali. « Même le Chef du village, si je le vois négliger la santé d’une femme ou un enfant de sa famille, je le sermonnerai et il va corriger son attitude ; je suis son ainée », a-t-elle laissé entendre.
Groupe de soutien ANJE, une initiative qui protège et sauve les enfants
Souweida Elhadj Mamani, habitante de Koleram et mère de cinq (5) enfants, a intégré ce groupe de soutien ANJE après la naissance de son quatrième enfant. Elle ne peut même plus se rappeler le nombre de fois qu’elle a pris part aux séances d’animations mensuels qu’elle ne rate sous aucun prétexte. Elle a largement bénéficié des conseils ANJE grâce auxquels elle a su éviter la malnutrition à ses deux derniers enfants. « Tous mes trois premiers enfants ont été atteints de malnutrition, à cette époque, je ne savais pas quoi faire pour le prévenir », a relevé Souweida Elhadj Mamani. « Après avoir intégré ce groupe, les échanges m’ont permis d’élever mes deux derniers enfants avec une alimentation adéquate, à l’abri de la malnutrition et toutes les maladies qui en résultent », a-t-elle poursuivi. « Ceux-ci ont surtout bénéficié d’un allaitement maternel exclusif, cela a été très déterminant dans la fortification de leur état de santé. Par contre mes trois (3) autres enfants qui n’en avaient pas bénéficié ont souffert de la malnutrition et les maladies corolaires », a témoigné la mère de cinq (5) enfants. Toujours grâce à son groupe de soutien ANJE, Souweida Elhadj Mamani sait comment nourrir convenablement son enfant après le sevrage, avec les aliments locaux. Elle a également appris, entre autres, à utiliser le périmètre brachial pour dépister la malnutrition chez un enfant. « Quand je constate, à l’aide du périmètre brachial, qu’un enfant est atteint d’une des formes de malnutrition, je conseille à sa mère de le présenter immédiatement au centre de santé ».

Au CSI de Koleram, notre équipe de reporters a échangé avec Balkissa, une jeune femme provenant d’une localité située à environ 15 kilomètres de Koleram. Elle est venue au CSI pour la consultation hebdomadaire de sa fille, Amina, un nourrisson qu’elle venait de sevrer à l’âge de 20 mois. Selon sa mère, Amina était devenue malnutrie suite au sevrage et elle en souffrait de diarrhée et manque d’appétit, entre autres. Heureusement pour Amina, grâce à une voisine de sa mère, elle a pu être dépistée à temps à l’aide d’un périmètre brachial. « Sitôt après avoir constaté que ma fille est atteinte de malnutrition, je l’ai amenée ici au CSI. Après avoir examiné mon enfant, on m’a remis des sachets de plumpy nut (ndlr : aliment thérapeutique pâteux pour enfant malnutri) pour son traitement », a affirmé Balkissa. « Avec cette prompte prise en charge, l’état de santé de mon enfant s’est amélioré ; elle a passé de l’indicateur rouge à l’indicateur jaune au périmètre brachial », s’est réjouie la mère de la petite Amina.

Les activités des groupes ANJE contribuent fortement à la réduction des taux de malnutrition
Dans l’entretien qu’elle a accordée à notre équipe de reporters, la responsable du CSI, Mme Aboubacar Fassouma Rabi, a renseigné qu’à travers les groupes de soutien ANJE, les mères apprennent des recettes adaptées aux besoins alimentaires de leurs enfants pour prévenir la malnutrition. Aussi, l’UNICEF mis à la disposition des mères, des bols et cuillères qui permettent d’ajuster la dose d’aliment à servir aux enfants en fonction de leur âge. « Toutes les femmes de nos groupes de soutien ANJE en disposent, et les relais communautaires leur ont appris comment utiliser ces outils », a affirmé la responsable du CSI de Koleram. « Les groupes de soutien ANJE font également le dépistage de la malnutrition et les cas détectés sont référés aux centres de santé. Les activités de ces groupes de soutien ont beaucoup contribué à rehausser la fréquentation de notre CSI et elles ont permis de réduire la prévalence de la malnutrition dans notre entité sanitaire », a-t-elle ajouté. En effet, « en 2024, nous avons dépisté 202 cas de malnutrition modérée contre 155 cas de malnutrition modérée en 2025. Et 169 cas de malnutrition sévère en 2024 contre 92 cas de malnutrition sévère en 2025 », a-t-elle illustré.

Selon du CSI de Koleram, Mme Aboubacar Fassouma Rabi, ce programme a produit des résultats très encourageants au niveau du CSI de Koleram. Et, l’appui apporté par l’UNICEF et ses partenaires a occasionné un changement positif de mentalité dans les communautés, ce changement de mentalité se traduit non seulement par l’amélioration des indicateurs de la malnutrition, mais aussi par le fait que les mamans respectent les rendez-vous de consultation nutritionnelle de leurs enfants. « Pour continuer dans cette même lancée, nous sollicitons encore l’appui de l’UNICEF pour une disponibilité plus conséquente dans nos centres de santé, de ces bols et cuillères qui aident les parents dans le choix des aliments et des quantités appropriées pour leurs enfants », a exhorté la responsable du CSI de Koleram. « Ainsi, toute femme qui a un enfant de 6 mois à 59 mois, quand elle vient au niveau de la Consultation nutritionnelle, on lui explique les différentes recettes et on lui donne le bol et la cuillère, ça peut l’aider à bien alimenter son enfant. Ces outils concourent efficacement à la prévention de la malnutrition », a-t-elle poursuivi. « Toujours par rapport à la malnutrition, nous souhaiterions aussi le recyclage des différents relais communautaires », a également plaidé la responsable du CSI de Koleram.

Boubacar Hamani LONTO
Envoyé Spécial
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